Bonjour, c’est Jade pour vous parler de culture et raconter la résistance des magasins de vinyles.

J’ai aussi discuté avec le directeur du Nouvel Opéra de Fribourg sur l’expérience d’une première sans public. Vous découvrirez plus bas la lettre de Black Artists Switzerland aux théâtres et musées suisses ainsi que les affres des maisons d’édition.

Enfin, sachez que le projet OperaLab, quinze jeunes créateurs à Genève qui vont réinventer l’opéra, est repoussé d’un an, pour cause de pandémie.

Jade Albasini, Sion
12.06.2020

«Le processus de création est plus puissant que toutes les inconnues»

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Julien Chavaz, directeur du Nouvel Opéra de Fribourg. Photo: Magali Dougados

Après trois mois de silence, les murs du Théâtre Nuithonie à Fribourg vibraient aux sons de la composition originale de Nicholas Stücklin samedi passé, le 6 juin. En aparté, pendant que l’ensemble des lieux culturels réfléchit encore à une réouverture en accord avec les normes sanitaires, le Nouvel Opéra Fribourg (NOF) jouait «Mélisande et Pelléas», une première unique car organisée sans public.

Quinze invités privilégiés ont quand même pu assister à ce retour en force de l’art vivant en Suisse romande. «Quel moment extraordinaire, très émouvant même si c’est étrange de faire des saluts pour une salle presque vide», commence Julien Chavaz, directeur du NOF. Mais pourquoi ne pas avoir accueilli 300 personnes puisque le Conseil Fédéral l’autorisait? «La décision du gouvernement nécessite une mise en œuvre qui ne n’improvise pas.»

Un cas exceptionnel
Cet échange artistique mémorable a été possible grâce à une conjonction de paramètres: Tout d’abord, le format particulier de cette production de théâtre musical. Sur scène, seuls six artistes déambulent dans un espace gigantesque alors que lors de productions précédentes, le NOF en comptait beaucoup plus. Les dates aussi tombaient à pic vu qu’initialement, la première était prévue en mai. Les répétitions ont donc pu reprendre dès le feu vert d’Alain Berset.

L’un des comédiens, par contre, un Londonien de 70 ans à risque, a dû être remplacé au pied levé. «Les interprètes ont aussi décidé de vivre ensemble, d’utiliser l’effet famille. Sur scène, ils ont pris leurs précautions mais c’est impossible d’avoir de la retenue dans le geste théâtral. Tu dois faire abstraction de tout car si tu commences à penser à des règles d’hygiène, tu chanteras mal, tu danseras mal et tu joueras mal.»

Quand il décrit les sensations ressenties a posteriori, le metteur en scène Julien Chavaz souligne l’énergie partagée avec la chorégraphe du projet, Nicole Morel, mais aussi les techniciens et maquilleuses tous ravis de retravailler. «On s’est engouffré dans la fenêtre qui s’ouvrait. Jouer cette pièce, ne serait-ce qu’un soir, c’était notre stratagème pour contrer le malheur de ces dernières semaines. Vous savez, l’acte de création côtoie toujours une série d’inconnues. Pour le coup, c’était le Covid mais le processus de création est plus puissant».

«Vraie» première en 2021
Comme de nombreux projets, le spectacle musical est reporté à 2021. «Pour la première fois en 10 ans de carrière, je dois mettre une pièce au frigo pendant 11 mois», avoue le directeur. Et comme dans le milieu de l’opéra les saisons sont prévues deux ans à l’avance, impossible de rassembler la même troupe lors des nouvelles dates prévues. «On a réalisé que c’était un one-shot».

Lauréate du prix «La scène à l’écran» organisé par la RTS, «Mélisande et Pelléas» devait également être filmée pour la postérité. Au final, la captation a été décalée à la «vraie» première. «C’est bien car un spectacle se termine quand il est confronté à une audience qui l’influence.» Rendez-vous donc en mai 2021 à Fribourg ou au Théâtre de l’Athénée à Paris.

Les vinyles, plus forts que la crise

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Une sélection de raretés chez Audiopur à Fribourg. Photo: Audiopur/Instagram

Donné pour mort dans les années 1990, le vinyle est aujourd’hui un objet prisé non seulement par les collectionneurs et mélomanes, mais aussi par les jeunes. Alors que les affaires des disquaires indépendants en Suisse romande commençaient bien en 2020, voilà qu’un incendie en février ravage l’un des plus grand exportateur mondial de ces disques laqués. Les stocks de l’Américain Apollo Masters sont partis en flamme, inquiétant une partie de l’industrie musicale en Occident. Un coup de chaud finalement maîtrisable pour les commerçants en Europe. Mais voilà qu’à peine un mois plus tard, le covid-19 ralentit à son tour l’ascension de ce support en vogue.

Passionnés par leur métier, les disquaires romands montrent qu’ils ne fléchissent pas dans l’adversité. Que ce soit face à une pandémie, à la concurrence «bon marché» des grands distributeurs, à la multiplication des bourses aux vinyles organisées par des privés ou encore avec le report du Disquaire Day – leur version de Noël qui devait avoir lieu le 18 avril - ils tiennent le cap. On fait le point avec trois d’entre eux: Audiopur à Fribourg, Disc-à-Brac à Lausanne et DCM à Aigle.

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Une lettre ouverte de Black Artists Switzerland

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La manifestation Black Lives Matter à Genève le 9 juin. Photo: (KEYSTONE/Salvatore Di Nolfi)

«En tant qu’artistes et travailleuses·x·eurs culturelles·x·els Noires·x·rs active·x·tifs en Suisse, beaucoup d’entre nous ont fait l’expérience du racisme et des discriminations tout au long de notre carrière de la part d’institutions et d’organisations artistiques de différentes tailles.» Porté par le mouvement Black Lives Matter, une cinquantaine de personnes réunies sous l’appellation Black Artists Switzerland ont publié un manifeste le 9 juin. Envoyée aux théâtres, musées et galeries dans tout le territoire, cette lettre ouverte réclame un engagement anti-raciste clair. Que ce soit dans la programmation ou dans les structures administratives. «Nous vous demandons maintenant de prendre vos responsabilités, de passer à l’action, et ceci au-delà de la vitrine des réseaux sociaux, de mettre en pratique des changements concrets et significatifs, ainsi que de vous engager d’une manière exemplaire dans la lutte contre le racisme dans les milieux artistiques et culturels en Suisse.»

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Tous les livres ne s’en sortiront pas

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Il a fallu éviter une «bousculade». Entre la fermeture des librairies le 16 mars et leur réouverture deux mois plus tard, aucun livre n’est sorti. Des nouveautés attendaient pourtant leurs lecteurs, et, le 11 mai, les Editions Slatkine y sont allées franchement. «Notre stratégie a été de tout sortir ce jour-là, explique leur directeur Ivan Slatkine. Sept livres, c’était beaucoup, mais il n’y avait pas encore de nouveautés françaises, qui sont venues plus tard.» Michel Moret, des Editions de l’Aire regrette malgré tout que les nouveaux ouvrages «souffrent un peu, car tout le monde arrive en même temps, tout le monde joue des coudes».

La situation est loin d’être idéale, mais cela aurait pu être pire. «Si le confinement s’était produit au moment d’une rentrée littéraire, il y aurait eu quelques faillites, car ce sont des périodes où les recettes mensuelles sont triplées», note Michel Moret. Ivan Slatkine acquiesce, et relève que ses clients ont acheté plus de livres que d’habitude après l’envoi de son catalogue, comme toujours en avril, mais cette fois en pleine épidémie. «J’ai le sentiment que cette crise a fait du bien au livre, qu’il a repris l’importance qu’il avait un peu perdue dans le cœur des gens comme moyen de s’évader quand on est privé de tout.»

L’appétit des lecteurs ce printemps ne résout cependant pas tous les problèmes. Les Editions La Joie de Lire, spécialisées dans la littérature jeunesse, ont renoncé à la publication de 6 à 7 ouvrages sur les 45 qu’elles publient annuellement d’habitude. Et le succès des autres livres, ceux parus avant la mi-avril notamment, n’est pas garanti. «Il faut beaucoup communiquer pour qu’ils ne soient pas oubliés définitivement», affirme la directrice Francine Bouchet, qui craint aussi des renvois de libraires. L’accompagnement des livres nécessite en effet plus d’engagement cette année. Michel Moret, qui sort un Journal du corona de John Ferguson, remettra le livre en mains propres aux rédactions; «d’habitude, on envoie le livre par la poste avec une carte de visite».

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Covid-19 sur Heidi.news

La pandémie a pris un tour politique sur les réseaux sociaux en France. Littérature scientifique et réseaux sociaux partagent un point commun: les big data. Les deux représentent de vastes corpus d’informations, dont les relations peuvent être représentées sous la forme de ce qu’on appelle un graphe. Un enjeu au cœur des travaux du chercheur David Chavalarias, directeur de recherche au CNRS. Au début de la pandémie, il a entrepris de cartographier les nombreuses publications scientifiques disponibles sur le coronavirus à l’aide d’algorithmes de traitement du langage naturel. A la demande de Heidi.news, il a également appliqué ses algorithmes à la pandémie sur les réseaux sociaux. Ces résultats préliminaires ouvrent la voie à de futures études qui seront consacrées au phénomène. Entretien.

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Le prix Nobel Denis Mukwege démissionne des instances de lutte contre Covid-19 en RDC. Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018 pour son engagement auprès des femmes victimes de violences sexuelles, quitte sa fonction de responsable de la riposte face au Covid-19 dans la province du Sud-Kivu en RD Congo, relate Le Point. «L’homme qui répare les femmes» dénonce, via sa Fondation Panzi, une stratégie de lutte mise à mal par le manque d’accès aux tests RT-PCR, le relâchement des mesures de prévention au sein de la population, ainsi que la porosité des frontières et l’absence de mise en quarantaine des milliers d’arrivants. Il pointe enfin «des faiblesses organisationnelles et de cohérence entre les différentes équipes responsables de la riposte».

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11% de la population de Genève a eu le coronavirus. Les grandes étapes de la pandémie en Suisse et dans le monde. Mis à jour quotidiennement.

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Les représentants des institutions partenaires et les tuteurs du projet à son lancement, en octobre 2019. Photo: Nicola Cuti / OperaLab

OperaLab repoussé d’un an. Le projet très ambitieux de création d’un opéra par quinze jeunes créateurs issus d’écoles d’art romandes devait aboutir à un spectacle en septembre 2020 dans le CUBE de la HEAD aux Charmilles, à Genève. Le travail OperaLab, encadré par le Grand Théâtre, la Nouvelle Comédie, La Manufacture, la Haute-Ecole de Musique, l’Institut littéraire de Bienne et la HEAD a bien eu lieu, par Skype, durant le confinement. Des répétitions ont même lieu en ce moment au Flux Laboratory de Carouge. Toute la partie créative (textes, musique, visuels et scénographie) sera prête à la fin de cet été. Mais il a été jugé trop acrobatique de tenir le calendrier pour les représentations. Si bien que le spectacle est repoussé à septembre 2021, avec des répétitions qui auront lieu en mars 2021 puis durant l’été prochain.

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Avenue du Bouchet 2
1209 Genève
Suisse